Sortie du Mardi 16 Mai 2017

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Les randonneurs se sont motivés pour cette très belle sortie, nous nous sommes retrouvés 28 dans un cadre de verdure magnifique, la beauté est partout, le regard ne sait où se porter.

Après avoir franchi le pont qui enjambe l’Estoublaisse nous remontons le cours d’eau et rapidement nous atteignons une gorge étroite, ici le sentier a été creusé dans la falaise,

Cette taille faite au XIIIe siècle permettait aux pèlerins de rejoindre l’abbaye. Tout le chevelu muletier présent dans le massif date de cette époque. Il a bien sûr été renforcé pour assurer le passage des mules, lors des campagnes de reboisement initiées au XIXe siècle à la demande de Napoléon III, mais, malheureusement certains portions ont été oubliées car condamnées par le percement de la route qui conduit au Pas de l’Escalette.

 

On traverse alors rapidement un deuxième pont sur le Clovion, puis le sentier prend un peu de hauteur pour nous permettre d’apprécier pleinement le défilé précédemment traversé. Le sentier redescend pour atteindre une passerelle. Nous la traversons et nous nous engageons sur un sentier qui serpente en sous-bois. Une intersection propose à gauche un petit détour vers la Chapelle St André. Nous décidons donc de faire notre pause traditionnelle du matin dans ce lieu chargé d’histoire.

 

La visite des vestiges de ce site religieux médiéval de Saint André du désert terminée, nous redescendons et poursuivons notre balade sur un sentier ombragé qui file à flanc de colline jusqu’à rejoindre une nouvelle passerelle qui débouche sur le refuge de Valbonette et sa prairie accueillante « le jardin de Valbonnette »,

 

Notre sentier se faufile entre quelques ruines du hameau du même nom. Le sous-bois que nous traversons nous apporte un peu de fraîcheur, cela ne va pas durer car pour atteindre le belvédère le chemin continue à prendre de la hauteur au milieu d’une végétation très méditerranéenne (nombreux buis et nombreux cailloux). Le belvédère atteint, la vue s’élargit et nous ouvre un superbe panorama, plateau de Riez, lit de l’Asse, Mont Ventoux, vallée de la Durance, montagne de Lure, Devoluy et pic de Bure caractéristique, montagne de Beynes, barre des Dourbes, s’alignent progressivement dans le champ de vision.

 

Nous redescendons de notre promontoire pour récupérer notre trajet,  on se retrouve alors sur un sentier étroit taillé dans la roche, qui sera la seule partie relativement exposée du parcours (environ 80m de long). Une main courante est installée pour assurer et/ou rassurer. La randonnée se poursuit ensuite dans le sens de la descente pour gagner l’abri du château de Trévans. Cet abri a été rénové en 2009 et est géré par l’ONF.

 

Une magnifique prairie s’offre à nous pour y faire ripaille et prendre un peu de repos.

 

Après avoir trempé nos pieds dans l’eau du bassin horriblement froide, nous avons récupéré nos sacs pour entamer notre retour par un agréable chemin ombragé sous les chênes, les hêtres et les buis, sur un tapis de mousse. Une série de lacets nous a conduit jusqu’au pont sur l’Estoublaisse traversé au départ.

Cette randonnée nous aura permis de parcourir 12,5 km pour un dénivelé de 630 m.

Encore une magnifique journée passée ensemble dans un cadre exceptionnelle, que du bonheur !!!

la chapelle Saint-André dont les ruines surplombent d’un côté les magnifiques gorges de l’Estoublaïsse, de l’autre, le ravin du pas de l’escale où coule le Clovion.

Aujourd’hui, ces ruines semblent bien insolites dans ce décor vaste et désolé et leur histoire semble être définitivement sortie de la mémoire des hommes. On peine à penser, qu’un jour, il se soit passé quelque chose, là, sur ce piton rocheux ignoré de tous.

Et pourtant, ce lieu a été le théâtre d’événements importants, soit paisibles, soit tragiques, des événements que je vais essayer de vous raconter à la lumière des rares documents concernant ce lieu (je cite).

Au XIIIème siècle, Jacques Apérioculos, seigneur de Gaubert et de Trévans fonde en ce lieu un monastère. Cet établissement qu’il place sous le vocable de Saint-André-du-Désert accueille des moines de l’ordre de Notre-Dame du Mont Carmel que le roi de France Louis IX a ramenés de Terre Sainte, en 1254, lors de la septième croisade.

Le monastère connaît d’abord une longue période de prospérité mais au XVème siècle, il n’est plus qu’un prieuré rural que l’évêque de Riez, Jean Faci, se fait céder, en 1450, pour y fonder un nouveau monastère.

Des temps troublés

Le XVIème siècle est un siècle de troubles marqué par les guerres de religion. En 1559, Antoine Richieu de Mauvans, acquis aux idées de la Réforme, s’empare du monastère de Trévans et le saccage. L’année suivante, son frère Paulon de Mauvans, à la tête de ses milices protestantes, sème à son tour, la terreur dans la région.

Poursuivi par l’armée catholique, il se réfugie avec ses troupes dans le monastère de Saint-André-du-Désert dont il renforce les fortifications. Le comte de Tende, gouverneur de la province, tente alors de déloger Mauvans de sa retraite perchée. Le baron de la Garde, envoyé en reconnaissance, est accueilli par un feu tellement nourri de la part des huguenots, qu’il se retire aussitôt et pousse le comte à négocier avec les insurgés. Une entrevue de concilliation aboutit à l’évacuation du monastère sans effusion de sang.

En 1574, les protestants se réfugient à nouveau dans le monastère et y établissent leur quartier général. Jean-Baptiste de Pontevès, comte de Carcès et lieutenant général en Provence, parvient à les déloger et, pour empêcher que les protestants s’y réfugient à nouveau, fait raser les fortifications et les bâtiments au nom du roi de France Henri III. Les religieux se retirent alors définitivement du monastère de Trévans pour s’installer à Estoublon et à Saint-Jurs où ils se maintiendront jusqu’à la Révolution.

Les biens du monastère

Depuis leur monastère d’Estoublon, les moines administrent les biens qu’ils possèdent sur le territoire de Trévans : des champs de blé, des vergers, des vignes mais aussi des terres de montagne dites « incultes ». Pour vivre, les moines doivent arrenter une partie de leurs biens contre des revenus en nature. Le premier contrat est signé le 19 décembre 1649. Par la suite, les biens du monastère seront arrentés tout au long du XVIIIème siècle. Les minutes des notaires de Mézel, de Saint-Jurs et d’Estoublon, conservées aux Archives départementales, nous montrent que ces contrats sont passés essentiellement avec deux familles de Trévans : la famille Pélestor et la famille Isnard. Plus tard, lorsque les moines, manquant de plus en plus de ressources, commenceront à vendre leurs biens, les bénéficiaires seront une fois encore des membres de la famille Pélestor.

En 1792, la Révolution confisque l’ensemble des biens du monastère qui sont vendus au titre de Biens nationaux. Une fois encore, ce sont les familles Pélestor et Isnard qui se portent « solidairement » acquéreurs.

arrenter : céder ou acquérir moyennant une rente

Un lieu de procession

A partir du XVIIème siècle, la chapelle du monastère fait l’objet d’une procession annuelle que l’évêque de Riez interdit le siècle suivant, en 1754, estimant que la fête tourne le plus souvent à la « dissipation ». Au XIXème siècle et jusqu’au début du XXème siècle, la chapelle attire encore de nombreux fidèles pour la fête de Saint-André renvoyée au Lundi de la Pentecôte.

Des biens privés qui deviennent publics

En 1899, les familles Pélestor et Jauffret, propriétaires des lieux, vendent à l’état l’ensemble des terres de l’ancien monastère mais conservent la chapelle qui reste un bien privé.

Plus d’un siècle s’est écoulé depuis et la chapelle est en ruine. On a du mal à penser qu’elle a encore un propriétaire. Il est étonnant également de penser que, dans ce coin perdu de Haute-Provence, deux familles seulement ont possédé l’ensemble des terres agricoles du pays depuis le milieu du XVIIème siècle.

 

Trévans évoque une personnalité bien connue des faïenciers de Moustiers : Pierre et son fils Antoine Clérissy. « […] la noblesse n’était pas établie parmi ces derniers [les Clérissy], puisque l’un d’eux, Pierre, … reçut l’anoblissement et le titre de baron de Trévans, avant 1743, en récompense de ses signalés services dans l’art céramique.

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