Rassemblement à Corbières, nous sommes 34, record battu à ce jour.
Le fait historique marquant ici, c’est celui de la peste de 1720 contre laquelle les habitants ont combattu avec de bien faibles moyens. Dans ce village, la peste fut meurtrière surtout entre le 25 septembre 1720 et le 14 avril 1721, en tout, elle fit 140 victimes sur une population de 400 habitants. Parmi elles, il y eut un des deux consuls qui étaient à la tête du bourg, il fut un des premiers à succomber. Le survivant fit entourer d’une muraille de buissons le cimetière [ndlr : Le bacille étant résistant au froid, les cadavres non enterrés, cas fréquent à l’époque – restent contagieux]. C’est une des mesures prophylactiques qui fut prises à cette époque. Lorsque la maladie se déclara à Corbières et à Sainte Tulle, un blocus allant de Manosque à Beaumont de Pertuis, gardé par 80 hommes, fut ordonné par le marquis d’Argenson. Ils rejoignirent les hommes du régiment de Provence qui avaient pour mission, entre autres, de faire subir une sévère quarantaine à ceux qui revenaient des villages contaminés. La localité apparaît pour la première fois dans les textes au début du XIe siècle (Rocham Corbiaram).
> Du latin corbus (corbeau) avec le suffixe –aria (« aire »).
> Le nom désigne une forteresse construite à l’endroit où se rassemblent les corbeaux selon Ernest Nègre. Ce nom peut aussi évoquer la pierre, le rocher (racine préceltique kor-b), la niche écologique du corbeau (còrb) ou la courbure (corb) : ruisseau sinueux, rochers courbés. Ces différents sens ont pu se télescoper.
Revenons à notre randonnée, nous nous sommes élevés sur les hauteurs de Corbières jusqu’à la chapelle Saint Brice, laissant derrière nous la vallée de la Durance dans sa brume matinale. De dimensions modestes, la chapelle contient une intéressante décoration peinte en parfait état, occupant le mur qui fait face à l’entrée de l’édifice. La statue placée au-dessus de l’autel est dédiée à Notre Dame de la Salette, en référence à un haut-lieu de l’Isère connu pour ses récits d’apparitions. Par un joli sentier tout en balcon nous continuons notre marche, les reliefs vallonnés au nord de Corbières ont ouvert le décor, laissant place à Montfuron, Pierrevert et Manosque au loin. Après une pause, nous prenons la piste qui, tranquillement, nous amène au Cairn Sud 04 et à l’œuvre de Jacques Le Texier et ses amis « Comme la guerre, l’incendie d’une forêt est terrible par la mort précipité. Ici en 2002. Les arbres, les hommes sont éphémères. Toujours de ce qui périt renaît ce qui va vivre, différent. »
Nous prenons, le chemin, face au cairn, passons devant une maison en ruine puis, contournant le lieu-dit le Clapier, au milieu des oliviers nous faisons notre pause déjeuner. Bien installés nous avons pu ainsi nous détendre pleinement en dégustant toutes sortes de friandises. Reprenant une large piste nous sommes enfin devant le trou du loup qui a donné son nom à une partie de la colline et au barrage. L’histoire qui est venue à mes oreilles ne sait pas si le trou a été efficace ou pas pour un loup mais le piège était trop dangereux et a été neutralisé. Auparavant, le creux était plus profond et des piques étaient plantée en son fond. Des branchages le recouvrait et les loups … ou les hommes qui passaient par là s’y empalaient.
Aujourd’hui, le trou ne fait plus qu’ 1,5 m de profondeur et les piques ont été retirées. Si on tombe, on fait quand même une belle chute mais elle n’est plus mortelle à coup sûr. L’eau de la retenue du Trou du Loup sur le torrent de Corbières est d’une drôle de couleur vert olive. Le torrent a un régime hydrologique méditerranéen, c’est à dire avec un étiage sévère pouvant subir des crues éclairs. Un petit lac artificiel a été mis en eau au moment des travaux du canal EDF de la Durance. Nous repartons par le sentier qui longe une canalisation plus ou moins mise à nu par l’érosion ; d’abord un pont-aqueduc, puis quelques regards d’entretien confirment l’existence d’une adduction d’eau : exutoire du canal de Manosque ? le sentier, utilisé probablement pour l’entretien du canal, s’élève progressivement au-dessus du torrent ; l’un des passages au-dessus du vide est réduit à sa plus simple expression. Prudence !
Au grand arbre mort, nous bifurquons sur la droite pour la partie un peu raide de la journée et nous arrêtons à l’ombre car nous venons de marcher 2 km en plein cagnard et bien qu’on soit en octobre, il fait chaud aujourd’hui. Après le champs de vignes, on passe le gué, le second champs de vignes, le second gué et nous voilà revenus aux portes de la civilisation puisque nous voyons les premières maison du nouveau lotissement de Corbières.
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