C’est à Niozelles que nous allons aujourd’hui pour découvrir un lieu dont on est loin d’imaginer la richesse de son passé. Nous sommes 12, dans cette verte vallée ceinte de collines boisées et apaisées, parmi ces cultures maraîchères, ces rangées de grosses courges oranges, et ce village dont les maisons ont quelque chose de berrichon. le village n’a rien des villages perchés de la contrée : ni citadelle sommitale, ni maisons collées en dessous comme des nids de guêpes, ni remparts ou portes fortifiées, mais une installation presque à plat, sans défenses, avec une large place. Nous partons de l’église Saint-Etienne dont le chœur et le collatéral datent du XIV°s. depuis la petite terrasse de l’église : la vue sur la douce vallée du Beveron, enfoncée dans un creux de collines colorié de quelques grosses maisons. Nous grimpons dans cette colline et découvrons ainsi le village côté sud dans son ensemble, au loin le paysage de Forcalquier et en arrière-plan le sommet de Lure, la vue est magnifique. Continuons de monter tout en légèreté au travers d’un bois de chênes pubescents, nous atteignons les ruines de l’ancien village du Vieux-Niozelles, il se tenait à l’ouest du village actuel, sur la butte d’Eglise-Vieille un prieuré roman (relevant de Saint-Victor-de-Marseille) et à Tour-Vieille un fortin entouré d’habitations. Du fortin restent un pan de mur d’enceinte sur une trentaine de mètres de long, et une tour du XII°s ronde à l’extérieur et carré à l’intérieur, le vieux village subsiste en bas de la butte, mais en pièces détachées. Nous montons toujours plus haut pour atteindre le point culminant de notre randonnée 599m, sur un étroit rocher, il n’aurait pas fallu être plus de 12, le spectacle est grandiose, nos yeux ne sont pas assez grands pour tout voir, sur 360° du Luberon, le sommet de Lure, des Ecrins aux massifs du Verdon enneigé, c’est trop pour nos petits yeux. Nous repartons, après en avoir pris pour notre argent, l’arrivé sur Niozelles au soleil couchant est une pure merveille. D’abord le château d’allure XVIII°s est assez discret, il fut amputé de 3 tours à la révolution, dans la cour une fontaine renaissance quelque peu fatiguée. Remontant par le derrière du village dans la vallée du Beveron tout en longeant un grand banc de roche servant de promontoire, prolongé par un mur superbe entrecoupé d’arcades, nous arrivons à la fontaine-lavoir. Une montée caladée nous fait arriver sous un passage protégeant les escaliers du château à l’intérieur du village.
Nous avons marché 9,3 km pour un dénivelé de 350 m. Une très belle randonnée très riche en découverte, merci Jeanny de nous avoir permis de partager toute cette beauté.
Quelques points d’Histoire :
Les grands repères de l’Histoire sont un oppidum gaulois au Vieux-Niozelles, le passage de la Via Domitia sous la colonisation romaine, un castrum en bois (haut Moyen Âge) vers la Bastide-Neuve, et plus tard un petit fort et un village perché de Vieux-Niozelles, liquidés fin XIV° par les épidémies et les Grandes Compagnies ; Niozelles resta alors inhabité jusqu’à la fin du XV°s, et courant XVI° émigra dans la vallée, autour de l’église Saint-Etienne et d’un nouveau château seigneurial plus résidentiel que le fort des collines ; courant XX°, il ne restait du Vieux-Niozelles que des ossements blanchis abandonnés aux renards et aux corbeaux.
La motte féodale
En contre-haut de la N100, vers la Bastide-Neuve, a été identifiée la « motte féodale » de Roca de Aldefred, abandonnée courant XI°. Des fouilles y ont révélé un silo, les trous d’ancrage d’une tour en bois du haut Moyen Âge, et les substructions d’un petit castrum du X°s comportant un rempart circulaire, une tour rectangulaire et un modeste logis ; plusieurs milliers de tessons de poterie, des clous de ferrage de chevaux et quelques instruments ont également été exhumés. Quelques années avant l’An Mil, la butte sur laquelle était construite une vaste maison devient une motte castrale. La butte est agrandie par l’apport de 1600 m3 de terre, et une est construite ; une palissade entoure la motte (diamètre de 22m). les bâtiments utilitaires compris dans l’enceinte, celle-ci et la tour constituent un petit château, embryon de domaine seigneurial : qui est occupé jusqu’au début des années 1030. Le château perd ensuite sa fonction militaire et abrite un pressoir à huile
Laisser un commentaire