RANDO ZEN -AUTOUR DE LURS

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Nous étions 13 par une après-midi idéale pour parcourir cette randonnée. Une merveille, partis du chemin des écritures, nous traversons le village, ce village, quel village extraordinaire par sa beauté, son emplacement, son histoire. Commence alors la traversée du village, de l’horloge au château en passant par le théâtre (créé notamment à l’initiative de Giono et Vox), qui constitue une excellente et agréable mise en jambes avant de rallier la célèbre « Promenade des évêques » bordée de 15 oratoires du Rosaire – que les princes-évêques n’ont d’ailleurs jamais arpentée – nous amenant à la chapelle Notre-Dame-de-vie. Entièrement restaurée et décorée depuis le 15 août dernier d’un retable brillant de mille feux, elle a certes perdu l’essentiel de son attrait, mais son péristyle à colonnes lui confère un petit air de temple grec. On s’accorde une pause pour profiter du panorama s’ouvrant respectivement sur Lure et la vallée de la Durance, tout en imaginant Giono observer ce qu’il évoquera dans « Provence » : « Les quelques villages qu’on rencontre se cachent sous des yeuses et ne font pas de bruit… On rêve d’avoir là une pièce blanchie à la chaux et de ne plus partir. » Puis on s’enfonce dans les sous-bois frais et odorants de chênes verts. Le Chemin des plongées minérales, plénitude d’une promenade ondulant du végétal au minéral, au vivant d’un corps. Le chemin des Evêques ponctué de Chênes Rouvres s’étire en contrebas du belvédère de Lurs. Entre ciel et terre cette promenade chemine sur un éperon rocheux qui nous conduit aux falaises dominant la Durance. Ici la terre végétale s’oppose à la terre minérale dans un principe de continuité cher à Aristote. En passant au lieu dut les Ferrayes Guillaume Leydet défit les Sarrasins en 973 et les repoussa jusqu’à Monnessargues ou Maunessargues qui serait une déformation de « Maures à l’aïgue » et les précipita dans le Lauzon. Ainsi nous avons cheminé à travers sentier et sous-bois parfois en mode sanglier, le chemin n’étant pas très marqué, pour ressortir vers une vue très dégagée et revenir vers notre départ.

Histoire de Lurs :

Son nom latin est Luria ou Lurium. Il viendrait de la proximité de la montagne de Lure. Mais l’antiquité du site, au-delà du Moyen Age ou de l’empire romain, a été prouvé et démontré par des fouilles effectuées en 1914 qui ont fait apparaître des vestiges néolithiques. Avant la période Gallo-romaine, la peuplade qui habitait la région était celle des Cavares, certains historiens font remonter au nom de ce peuple le terme de GAVOTS. A la chute de l’empire romain, aux temps des Grandes Invasions, les Wisigoths dévastèrent la région mais n’allèrent pas jusqu’à Lurs. Et puis vint le personnage qui va influer sur l’histoire du village, je veux parler de Charlemagne. Il va en faire donation à l’église de Sisteron. D’après Honoré Bouche qui écrivit au XVII °s. une histoire de la Provence, il s’y serait rendu lui-même pour l’élever au titre de principauté (qui durera jusqu’au XV° s.) ; l’évêque de Sisteron sera effectivement « prince de Lurs ». Il en fera sa résidence d’été. Mais on a aussi une trace écrite de 967 qui indique la donation que fit Conrad, à la tête de Saint Empire Romain Germanique, à Ours évêque de Sisteron et en 1251, l’évêque sera confirmé dans sa possession de Lure. En théorie, ce territoire dépendait du Saint Empire Romain Germanique (jusqu’en 1562), successeur de l’empire de Charlemagne en fait, il était indépendant. Dans son écusson, on retrouve cette appartenance avec l’aigle à deux têtes, aux ailes repliées et le lion doré renvoie à Guillaume Leydet dont il sera question un peu plus bas. Ce blason se voit, aujourd’hui, au-dessus de la porte principale de la Mairie, sur le monument aux morts et en haut du portail, qui est l’entrée du vieux village et devait être la porte principale percée dans le rempart. Quant à sa devise, elle dit « LUS, LUSE = il faut que Lurs luise.

Lurs fut attaqué par les Sarrasins en 973 qui furent mis en déroute par Guillaume Leydet dont je parle deux lignes plus haut, lequel fit vœu de bâtir une église s’il sortait vainqueur du combat, ce qui fut fait. Cette église reçut en 1150 ou en 1170, une relique de la Vraie Croix, cette relique fut d’abord entreposée dans la chapelle du château, une légende raconte qu’elle fut conservée dans un reliquaire d’argent qui fut caché, à la Révolution, de nombreuses années après, un berger aperçut une lumière scintillante au-dessus d’un buisson près du pont romain de Ganagobie, c’était elle. Elle lui donna son nom : Notre Dame de la Sainte Croix. Elle a subi de nombreuses restaurations mais son origine remonte au X° s., celle que l’on peut voir aujourd’hui est construite sur les ruines de la chapelle de Guillaume Leydet et daterait des dernières modifications faites en 1750 qui virent entre autres l’adjonction de chapelles latérales quoiqu’une partie de son architecture soit antérieure, par exemple son portail qui date du XV ° s. Son officiant, son curé, se nomma vicaire perpétuel jusqu’en 1804, c’était à l’origine, un chanoine de la cathédrale de Sisteron. Cette église possède un clocher en forme de peigne qui reçoit trois cloches, la plus grosse s’appelantt Maria Sauvaterra et pesant 419 kg. Elle fut vidée de tous ses biens à la Révolution.

En poursuivant son chemin à travers les rues bordées de maisons anciennes magnifiquement restaurées, on débouche, au sommet du village, sur une placette qui offre à la vue le château. Il est du X ° s. et vers 1110 Alix de Forcalquier en céda la moitié aux évêques de Sisteron. Durant les Guerres de Religion, il fut assiégé trois fois. Puis vint la Révolution, à ce moment, il fut transformé en petits appartements puis un entrepreneur l’acquit pour le démolir, mais il ne put en venir à bout, il arriva juste à modifier complètement son aspect premier.

En continuant sa promenade, on va arriver au côté opposé à celui qui domine la Durance et au bout d’un chemin (promenade des évêques), jalonné de 15 oratoires mis là en 1864, on va découvrir une chapelle : Notre Dame de Vie (1552) qui souffrit beaucoup des Guerres de Religion et dut être rebâtie en 1662. Avec son portique à colonnes qui ne date que

du XIX ° s, on dirait un temple romain. Elle renferme une statue de la vierge, un fusil disloqué qui est à l’origine d’une légende :

L’usage a toujours voulu qu’on alla en procession solennelle de l’église à cette chapelle, notamment 
l’après-midi de la fête du 15 Août. Il était même défendu autrefois de chasser ce jour férié. (Il y a dans
cette histoire une sorte d’esprit gaulois qui empêche de la prendre au sérieux, et cependant !).
Un militaire qui passait par là, faisant fi de la défense et apercevant un beau lapin près de la chapelle,
épaula aussitôt mais, à sa grande surprise, le lapin s’assit sur son derrière et le menaçant de sa
patte, lui dit « tu verras ! »
Là-dessus, notre soldat tire et son fusil lui éclate dans les mains: affolé et repentant, il invoque la
Vierge et n ‘a point de mal. Depuis, on peut voir le vieux fusil disloqué dans la chapelle.

En allant vers elle, on est passé devant un petit théâtre de forme semi circulaire en plein air. Et…non, il n’est pas antique ! Il a été construit en 1960 sur des ruines de maisons anciennes, il est adossé à une chapelle dont il ne reste rien sauf un encadrement de porte. C’était la chapelle où se réunissaient les Pénitents de Lurs jusqu’à la Révolution, elle fut détruite durant ces jours troubles fusil lui éclater au visage, invoquant la vierge, il n’eut aucun mal. On y vient en pèlerinage le 15 août

1- Le village possède une crèche dont les santons au nombre de 17, sont classés aux Monuments Historiques, ils datent de la fin du XIX ° s.

2- L’évêque de Digne, Mgr Miollis qui servit de modèle à Victor Hugo pour la figure de Mgr Myriel, celui qui ne dénonça pas J. Valjean, fit une visite pastorale à Lurs en 1807.

3- Fin août, les amateurs comme les professionnels d’art graphique se retrouvent dans ce village pour y tenir des rencontres dont Maximilien Vox fut à l’origine.

 

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Nous avons marché 7,2km pour un dénivelé de 180m, merci Christine pour cette belle après-midi sur un si beau chemin.

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