RANDO LURS GANAGOBIE
Fraîche matinée mais bien ensoleillée, nous débutons notre marche au cœur du village de Lurs labellisé Village et cité de caractère, souvent appelée le balcon sur la Durance.
Nous sommes 25 à partir sur le chemin des écritures créée ici même par Maximilien Vox, illustre graveur, éditeur et historien de la lettre (1894-1974). Il a été conçu par l’association des Rencontres internationales de Lure qui rassemble depuis 1952 les professionnels du graphisme du monde entier, conférant à Lurs une notoriété internationale dans le monde de l’écrit.
Nous retrouvons le soleil coté vallée de la Durance et entamons une descente sur un chemin bordé d’oliviers magnifiques, la piste franchit en ligne droite vallons et bosses, traverse la route de LURS à GANAGOBIE, puis descend de façon très directe sur le pont romain.
Le pont romain est situé sur la Via Domitia, voie antique reliant TURIN à GERONE ; selon Guy BARRUOL et Pierre MARTEL ,cet ouvrage aurait été construit sous le règne d’Hadrien ( 117 – 138 après Jésus Christ ) ; il se caractérise par une arche unique de 7 mètres de hauteur sous clef et de 6 mètres d’ouverture ; les moellons qui parementent la façade de l’arche ont été conservés jusqu’aux deux tiers de la hauteur.
Après inspection en détail de celui-ci, nous poursuivons en remontant un sentier qui coupe à plusieurs reprises la route conduisant au Prieuré. Notre arrivée à l’église Notre Dame nous amène à la visiter avec un grand intérêt, puis traversant un bois de chênes verts qu’en langage forestier on nomme yeuse, dans la vaste famille des chênes l’yeuse se distingue par ses petites feuilles caoutchouteuses et griffues qui ne succombent pas à la mort hivernale. Elle peut dépasser la dizaine de mètres, mais elle revêt souvent l’aspect d’un arbuste noiraud et buissonnant. C’est le chêne caractéristique de la forêt méditerranéenne, d’où il a presque complètement disparu, victime des défrichements et de la surexploitation. Depuis le temps des romains jusqu’au XIXe siècle, l’yeuse tint lieu de charbon et de pétrole. En outre, on la dépeçait pour les besoins des tanneries, et ses glandées donnent son goût particulier à la charcuterie corse. « Comme dans le cochon, tout est bon dans le chêne ! » écrit Josiane Ubaud. En sorte que, des yeuseraies qui couvraient tout le pourtour de la Méditerranée, ne subsistent que quelques lambeaux.
> L’yeuse est une parente végétale de l’androgyne primordial, ancêtre mythique de l’humanité. Elle porte des semences mâles et femelles et n’a besoin d’aucun concours, aucun partenaire pour se reproduire. Observés de près, ses petits glands évocateurs vous en convaincront. Nous continuons vers l’ancien village de Villevieille, village préhistorique, retranché derrière un rempart de 120 m, Il barre le plateau de part en part, protégeant ainsi les ruines de Villevieille. Ce village ne fut occupé que sporadiquement, d’abord vers l’an 1000, pendant les terribles guerres locales consécutives à l’effondrement de l’empire carolingien, puis de nouveau aux XIIe et XIIIe siècles, période faste du monastère. Nous voici en pays chrétien, mais relictuel comme la yeuseraie, les chrétiens ayant déserté ces lieux pour descendre dans la vallée où ils bâtirent les actuels villages de Lurs, Peyruis et les autres, constituant ainsi un oppidum. Cet oppidum, dit de Villevieille, du nom du village qui lui a succédé, appartenait aux Sogiontiques était établi sur le plateau de Villevieille. Dans l’Antiquité, le territoire de Ganagobie fait partie de celui des Sogiontiques (Sogiontii), dont le territoire s’étend du sud des Baronnies à la Durance. Les Sogiontiques sont fédérés aux Voconces, et après la conquête romaine, ils sont rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIe siècle, ils sont détachés des Voconces et forment une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron).
Nous déjeunons au pied de ce rempart, bien abrités nous dégustons avec régal les crêpes préparées avec amour de Christine que nous remercions infiniment, le tout arrosé de cidre. Bien repus nous repartons en sens inverse pour regagner Lurs par une large piste forestière, traversons le Buès et remontons un chemin bordé de quinze oratoires appelé : la promenade des Evêques mais n’en a jamais vu aucun !. En effet, les quinze stations, dédiées au mystère du Rosaire, sont ici depuis 1864, donc bien après nos Evêques !. sur ce chemin se dresse une chapelle bâtie en 1552 sur le lieu d’un oratoire dédié alors à Notre-Dame de la Boyssière. Consacrée à Notre-Dame-de-Vie, elle fut malmenée pendant les guerres de religion, reconstruite en 1662, puis dotée vers 1866 d’un clocher-mur et d’un porche à deux colonnes. Elle ressemble à un temple grec. Nous entrons dans le village par les ruines du château féodal et déambulons les ruelles chargées d’histoire pour ressortir par la tour horloge et regagner ainsi nos véhicules.
Quelle belle journée et quel beau voyage dans l’histoire avons-nous fait, merci Christine de nous avoir conduits et régalés durant toute cette journée.
Nous étions 25 et nous avons marché 18 kms pour 680 m de dénivelé.
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