LES OCRES DE GARGAS
Nous ne sommes que 8, qu’importe la rando sera plus facile à gérer. Aujourd’hui, cette balade nous conduit à Gargas, terre d’ocre, un lieu moins connu que Roussillon ou Rustrel, où l’ocre fut exploité à ciel ouvert, mais ici, ce sont près de 40km de galeries souterraines qui y ont été creusées par l’homme sous son sol, entre la fin du XIXème et la première moitié du XXème siècle. Cette balade toute aussi agréable, quand on parcourt ses alentours, demande de s’écarter des sentiers battus pour découvrir les beautés de son patrimoine et ses très belles carrières et mines d’ocre, creusées par les mains de l’homme. La terre passe du pourpre violacé au rouge flamboyant, de l’orange au jaune, et même par endroit, parfois du vert et au blanc. Les ocres colorent les paysages du Luberon. Suite au retrait de la mer il y a plusieurs millions d’années, les gisements calcaires accumulés ont été transformés en sable ocreux sous l’effet de pluies diluviennes. L’ocre fut tout d’abord utilisée pour des peintures rupestres, puis fut redécouverte au moment de la Révolution et commercialisée pendant un siècle dans le monde entier pour ses propriétés colorantes inaltérables. Pigment naturel, l’ocre fait aujourd’hui un retour en force, redonnant vie à de nombreuses activités, touchant la peinture, la décoration, la poterie et le bâtiment.
Nous partons découvrir d’abord la colline de Perréal. Reconnaissable à ses falaises blanches, la colline de Perréal culmine à 471 m et domine Gargas. Cette randonnée nature d’exception se situe sur un site classé en réserve de biosphère par l’UNESCO, et réserve naturelle géologique. Le site fut ainsi tour à tour exploité pour ses ocres, ses argiles exportés à travers le monde, ses gypses fournissant les plâtres utiles à la construction et dont les cristaux sont encore visibles par endroits ! cette balade progresse sur le chemin de Perréal jusqu’au sommet de la colline où nous avons découvert les fouilles d’un village de l’âge du fer, vestiges d’un oppidum gaulois occupé du Vème au 1er siècle avant J.C. ainsi que la chapelle Sainte Radegonde (érigée en 1551), qui fut longtemps un lieu de pèlerinage. Après une longue montée nous atteignons la chapelle Ste Radegonde, pause banane pour nous remettre sur des bancs autour d’une table, de beaux points de vue s’offre à nous le Ventoux et tous les monts du Vaucluse. Derrière la chapelle un calvaire magnifique. Nous contournons le Mourre Blanc, passons devant une ancienne carrière de pierre, quelques beaux points de vue avant d’arriver aux ruines du jas de Perréal, sa table d’orientation et son ancien puits, lieu prédestiné au piquenique. Chacun choisi ombre ou soleil, nous avons le choix. Le paysage est grandiose en plus il y a des bancs, Jacky est ravi. Nous reprenons notre superbe chemin pour redescendre vers le hameau des Tamisiers après avoir traversé une zone d’ocre d’un jaune profond.
Nous poursuivons notre sortie en revenant dans le centre de Gargas. Un peu de route avant de reprendre un agréable sentier traversant une belle végétation à base de pin d’Alep, de pin maritime protégeant des sous-bois composés pour l’essentiel d’une lande à bruyère à balai et à callune bruyère plus petite, qu’accompagne occasionnellement sur les sols les plus régulièrement humides, le sarothamne ou genêt à balai, qui, en terrain découvert, devient envahissant. Nous arrivons sur une route que nous traversons avant de rejoindre un sentier plongeant dès les premiers instants dans les massifs ocriers du Pays d’Apt. Un paysage coloré au sol légèrement sableux qui nous conduit au cœur des sentiers sinueux sans grande difficulté. Les sentiers de la Gardette tournicotent agréablement et nous ramènent aux mines de Bruoux en passant devant les anciens canaux de décantation des ocres. Poursuite par le sentier de contournement par-dessus les Mines de Bruoux, par le Nord au passage nous découvrons plusieurs galeries successives qui communiquent latéralement entre elles. C’est de toute beauté, et on se demande comment les hommes des XIXème et début du XXème S. ont pu creuser près de 50km de galeries souterraines avec les moyens de l’époque. Nous nous trouvons au-dessus des mines de Bruoux, la colline est magnifique et nous conduit aux carrières à ciel ouvert des Devens Longs, carrière privée. Des montagnes de sable multicolores sur une grande aire dégagée, toujours en exploitation. Nous contournons des bassins de décantation et traversons la mine discrètement pour se retrouver dans le hameau des Devens Longs que nous traversons pour rejoindre le centre de Gargas et nos véhicules.
Un point sur l’ocre : ce sont des sédiments d’origine marine, sables déposés au Crétacé, qui, par lessivage et altération et sous un climat de type tropical, ont donné naissance à ces ocres. Silice (quartz), kaolinite (argile) et goethite (oxyde de fer), constituent le socle géologique. Cette composante siliceuse induit une végétation et une flore qui contrastent, par leur originalité, avec celles des terrains calcaires avoisinants. Cet ensemble, bien que proche de celui de Roussillon, s’en distingue par la disparition progressive de certaines espèces méditerranéennes thermophiles et l’apparition d’une flore plus tempérée. On se trouve sur un carrefour biogéographique et, indépendamment de l’altitude, on passe peu à peu de l’étage mésoméditerranéen à l’étage supraméditerranée
La vraie particularité de Gargas réside dans ses ocres, qui sont omniprésents. La commune peut s’enorgueillir d’être le dernier site à continuer à exploiter des carrières creusées dans les collines couvertes d’un massif forestier.
Une halte aux Mines de Bruoux s’imposerait. Uniques et mystérieuses, ces mines constituent un vestige monumental de l’exploitation de l’ocre, une véritable cathédrale de couleur sculptée par les ocriers. 650 mètres de galeries labyrinthiques ont été aménagées pour des visites accompagnées et commentées. Il faudra revenir cela mérite d’être vue. Falaises vertigineuses aux couleurs flamboyantes et gigantesque labyrinthe de galeries souterraines vous attendent dans un décor unique et mystérieux où le labeur de l’homme se mêle à la beauté naturelle du paysage provençal. Visitez ces anciennes carrières, vestiges monumentaux des années de gloire de l’industrie ocrière, et pénétrez dans un dédale de galeries de plus de 40 km de long et de 15 m de haut ! Le village ancien de Gargas est composé de campagnes isolées et d’une trentaine de hameaux importants éloignés du centre traditionnel. L’église Saint Denis a été construite sur la colline de l’ancien Fort après son démantèlement vers 1600 et les Châteaux des Condés est devenu l’actuelle Mairie. L’église, dont la nef est architecturalement originale, conserve des tapisseries et des peintures du XVIIe siècle retraçant la vie de Saint Denis.
Le cœur du village tel qu’il existe maintenant date de la fin du XXe siècle. Gargas du provençal Gargan qui signifie « mont » est un village de 3000 habitants.
Ce fut un réel plaisir d’être si peu nombreux, nous avons pris notre temps, chaque recoin a été admiré, sans courir nous avons parcouru 13,6 kms pour 440 m de dénivelé. Pour clôturer cette super balade en beauté nous nous sommes arrêtés à Apt pour déguster un chocolat et thé bien chaud. Merci à cette charmante compagnie de m’avoir accompagnée.
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