Nous étions 23 au départ de cette randonnée du pays de Gordes. Une belle journée s’annonce, la température est idéale, nous avons commencé par descendre un chemin caladé où l’eau coulait comme un ruisseau.
nous avons ainsi un peu pataugé jusqu’au lit de la Sénancole, qui lui était à sec; Après l’avoir traversé, nous sommes remontés jusqu’à la Croix des Baux.
Empruntant un agréable petit chemin au milieu des chênes verts, nous nous sommes retrouvés sur une dalle rocheuse, sous laquelle se trouve une très grande habitation troglodytique,
Poursuivant notre chemin nous avons découvert de magnifiques bories encore en bon état. Cette région de Gordes possède des bories remarquables. On en dénombre au moins 700 sur cette seule commune. Cheminant au milieu de la garrigue et sous-bois nous avons traversé plusieurs hameaux remarquables. Empruntant le chemin des fileuses nommé ainsi pour rappeler qu’en 1886 qu’après un grand incendie de la filature de Gordes, les ouvrières se rassemblaient pour aller travailler à l’usine de Fontaine du Vaucluse. Elles devaient faire plus de 3 heures de marche.
Par un chemin plus dégagé nous avons atteint la forêt de cèdres plantée en 1860, elle s’étend désormais sur 5 hectares. Nous y reviendrons plus tard pour le déjeuner. Nous avons ainsi continué dans une garrigue dense pour atteindre le mur de la peste que nous avons descendu pour gagner Cabrières d’Avignon, très beau village avec son château du 12ème S, après une visite rapide au travers des rues, nous avons retrouvé notre forêt de cèdres, lieu de notre repas que nous avions bien mérité, bien installés, plusieurs tables nous attendaient pour ce moment de détente.
Nous sommes repartis sur des chemins plus sages pour regagner la Croix des Baux du matin. Nous sommes allés faire la visite du moulin à huile de la baume du 17ème S, par un chemin agréable plein de fraîcheur. Quelle surprise en ouvrant la porte de ce lieu insolite situé à 229 m d’altitude. La visite terminée nous sommes repartis par le chemin du matin pour regagner nos voitures. nous avons fait 16,5 km et 450m de dénivelé.
Le moulin de la Baume
Les habitats troglodytiques, dans le Luberon : Le plus bel ensemble troglodytique, de la vallée, est le moulin à huile, rupestre, de la Baume, dans la vallée de la Sénancole (proche de Gordes) Lieu insolite, ce moulin, du 17e siècle, étire sa façade sur 53 m de longueur, à 229 m d’altitude Il a été restauré par le propriétaire, qui en laisse l’accès libre et demande qu’on le respecte. L’immense bâtiment troglodytique, épouse parfaitement l’abri sous roche, tout en longueur. Il est blotti dans une immense baume, au-dessus de la Sénancole. On peut admirer sa façade, construite sur le bord de la falaise, ce qui en fait une construction impressionnante. La porte d’entrée ouvre sur une enfilade de pièces savamment agencée pour les besoins du moulin à huile, aménagé à l’extrémité nord du site. La première partie du bâtiment regroupe neuf cuves de stockage, destinées aux olives, acheminées depuis le plateau. Ces cuves étaient séparées par des cloisons de pierres. Après un passage plus étroit, on arrive dans une deuxième salle immense. C’est la salle de pressage, où se trouvaient les silos, les pressoirs, avec leurs meules, les citernes et cuves de récupération de l’huile. Vous remarquerez qu’elles sont creusées à même la roche. Entre les deux grandes salles une petite pièce avec le bac à saumure. Plus loin, nous trouvons l’emplacement de la meule entraîné par un âne ou un mulet. L’emplacement de la meule (la partie circulaire). La meule servait à broyer les olives avant le pressurage. À côté, le long de la paroi, se trouve une citerne de 12 m3, autrefois couverte d’une voûte, dont les ancrages sont encore visibles. Cette cuve à eau était alimentée par une rigole depuis un aiguier extérieur. Un gros trou dans le plafond perce la voûte de l’abri, c’est la trémie de descente des olives, depuis le plateau. Ce conduit vertical, de 80 cm de diamètre, traverse la paroi rocheuse sur 5m, un véritable exploit pour l’époque. Le pressage des olives nécessitant de l’eau chaude pour la seconde presse, un moyen de chauffage devait exister. Après avoir traversé tout le moulin nous arrivons à la sortie nord par une porte qui débouche sur un petit plateau. Ce moulin servit jusqu’en 1956 qui fût l’hiver le plus désastreux pour beaucoup de paysans. Tous les oliviers moururent.
> Témoignage du propriétaire: « Le 2 février 1956, à 9h00 du matin la température était de +15°. A 9h du soir, elle était de -15°. Ce fut le début de l’exode rurale. »
Le Mur de la Peste est un rempart édifié dans les monts de Vaucluse afin de protéger le Comtat Venaissin de la peste qui frappa Marseille et une partie de la Provence en 1720–1722. S’étirant sur 27 kilomètres, il est bâti en pierre sèche. Le long de ce mur, des guérites en pierre sèche accueillaient des gardes. C’est l’architecte, ingénieur et cartographe carpentrassien Antoine d’Allemand qui en définit le tracé, comme il l’indique lui-même dans son Mémoire des ouvrages que j’ai faits et ordonnés depuis 1700 conservé à la bibliothèque Inguimbertine : à Carpentras bibliothèque classée.
« En 1720 je traçois depuis Saint-Hubert jusques à Saint-Ferreol les limites entre le Comtat Venaissin et la Provence, une ligne de 18 000 toises dont 6 000 toises faites avec un parapet de terre et un fossé au-devant, et 2 000 toises avec des murs faits en pierre sèche. 1 toise = 2m
> En 1720 (j’ai fait) le plan de cette ligne depuis Saint-Hubert jusques à Saint-Ferréol et de là en suivant la Durance jusques à son embouchure dans le Rhône et en remontant le Rhône jusques à Avignon dont la longueur est de 14 lieues. Une lieue = 4 kms
Au mois de mai de l’année 172O, en provenance de Syrie avec sa cargaison d’étoffes précieuses, le Grand Saint-Antoine mouille à Pomègues, en rade de Marseille. Malgré la mort de membres d’équipage sur le chemin du retour, la négligence et la complicité des autorités maritimes, la cupidité des armateurs font que la Peste gagne la ville
> En 1721, les paroisses du Comtat-Venaissin se protègent en construisant un mur de pierres sèches (comme les Bories), gardé par des « sentinelles », que l’on a dénommé plus tard « Mur de la Peste ». La maladie ne sera éradiquée qu’en janvier 1723. Marseille a perdu la moitié de ses 100.000 habitants. Les ravages de la Peste entraîneront dans la région le décès de plus de 200.000 personnes. Désormais au Nord du village, le Mur de la Peste, témoigne encore des peurs d’antan. La principale thérapie en vigueur alors était résumée dans l’expression latine Cito, longo, tarde (Pars vite, loin, longtemps)
> Ce n’est qu’en 1986 que l’Association « Pierre sèche en Vaucluse » entreprit de le relever, beaucoup de pierres ayant été arrachées pour construire des maisons. Depuis cette date des centaines de jeunes bénévoles viennent chaque été y travailler…actuellement plus de cinq kilomètres ont été restaurés, en direction de Méthamis;
Le médecin de peste affublé de son masque au long bec caractéristique renfermant des épices pour éloigner l’odeur des cadavres supposée être la cause principale de l’épidémie, selon la théorie des miasmes.
Borie :
Le mot borie (en français) est employé par Pierre Dessaulle dans les années 1960 dans son livre « les bories du Vaucluse » pour définir les cabanes en pierres sèches. Pierre Viala en 1970 reprend à son compte le terme pour définir un lieu qu’il restaure. Devenu depuis « le village des bories ». Plus près de nous en 1990, c’est au tour du Parc du Luberon de baptiser définitivement les cabanons de pierres séches avec le livre « Bories ». l’un des plus anciens villages répertoriés aujourd’hui serait « le village des bories ». Le hameau des Savournins ou village des Bories serait apparu après 1500 à la suite des campagnes de défrichement et de mise en culture des pentes environnantes emménagées en restanques et terrasses de cultures. Le point culminant de l’occupation des lieux pourrait se situer vers 1760 et abandonné vers 1850.
L’absence de mortier ne permet pas à ces édifices de durer dans le temps. La quasi-totalité des bories visibles de nos jours fut reconstruite à partir de 1900 par des paysans possédant et cultivant des parcelles de terrains éloignées de leur lieu d’habitation. Les bergers ont également contribué à ces restaurations pour se loger et protéger leurs troupeaux. Les bories servaient d’abri s temporaires pour les populations de passage : vendeurs ambulants, forains …
Les 1eres traces d’occupation des Monts du Vaucluse remontent au néolithique. Le taux de boisement est de 67%, le manque d’eau complique la culture des terrains. La lavande, l’épeautre, le blé, les cerises, l’élevage ovin, caprin sont présents sur ces terres arides.
Enfin, Frédéric Mistral, dans son discours de la Sainte-Estelle du 24 mai 1882, ne disait-il pas : …E se voulés que rèston, aqueli païsan, dins si vilage e dins si bòri... (« Et si l’on veut que ces paysans restent dans leur village et dans leur ferme »). En Provencal.
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