Nous sommes 22 à prendre le départ, le temps est magnifique, même pas froid, le ciel est d’une pureté, la journée s’annonce de toute beauté. Nous débutons notre randonnée en traversant les Mourres (Mourre signifie « museau » en provençal). Ce calcaire des Mourres date de 25 millions d’années (oligocène) à l’époque où un lac recouvrait Valensole et Forcalquier ; la période miocène qui suivra verra la dernière transgression marine régionale. Au pliocène, par une inversion de la faille de la Durance, le fleuve comblera le bassin d’effondrement de Valensole de plusieurs centaines de mètres de galets arrachés aux Alpes. Les jeux de l’érosion actuelle dégageront les pénitents des Mées, et les paysages en cuestas de Forcalquier des Mourres. La formation des Mourres : les formes sont différentes selon l’avancée de l’érosion, quand les eaux de ruissellement commencent à emporter la marne friable, elles laissent émerger des rochers grisâtres, puis quand elles ont enlevé complètement la marne, elles laissent apparaitre des rochers de différentes formes, gris en haut sur du calcaire blanc plus tendre en bas, enfin, quand l’assise blanche est érodée, le rocher gris qui était suspendu, se retrouve au sol.
Nous continuons notre marche en direction du Clos de Melly, délaissant cette piste pour prendre un petit chemin qui va nous conduire vers Fontienne. La vue est surprenante tout au long de ce sentier avec toute la chaîne des Alpes enneigée, la vallée de la Durance embrumée et la région de Forcalquier dans un voile opaque digne d’un film fantastique, c’est de toute beauté. Nous voilà au milieu des chèvres, elles sont surprenantes par leurs grandeurs, le bouc est énorme, si l’odeur est en proportion de l’animal, attention les narines. Nous entrons dans Fontienne, en latin, son nom est « Fontiana » qui viendrait de « Fons Dianae » (fontaine de Diane). En effet, il aurait reçu ce nom des comtes de Forcalquier qui s’arrêtaient à sa fontaine pour se rafraîchir après avoir chassé sur la montagne de Lure mais d’autres historiens font remonter l’appellation à l’antiquité où l’oppidum, à cette époque, aurait porté le nom de « Fonte Jana » ou tout au moins cela aurait été le nom de sa source d’eau pure dédiée à Diane. Avant d’appartenir aux comtes de Forcalquier, ce bourg avait été la propriété des moines de l’abbaye marseillaise de St. Victor puis des évêques de Sisteron. Guillaume le Libérateur l’aurait donné à un de ses fidèles : Hugues Balcia. Il fut dévasté à la fin du XIVème siècle et par les bandes de routiers de Raymond de Turenne et par la peste, d’ailleurs elle est rappelée par un oratoire dédié à St. Roch, construit en 1720. Nous traversons le village et contournons l’église, elle est dédiée à St. Pierre et fut reconstruite en 1611 après avoir été un prieuré au début du Moyen Age. Il lui reste quelques aspects romans qui la feraient remonter au XIIIème siècle. Dans un fenestron, une Vierge en terre cuite dite Notre-Dame de Pétanque puisque c’est devant elle se que produise les homériques affrontements du jeu de boules. Nous prenons la direction de la Gardette et passons justement devant ce jeu de boule immense pour la commune faisant face à la montagne de Lure et St Etienne les Orgues. Le sentier dans le bois est ravissant, et nous ramène progressivement vers le Clos de Melly que nous dépassons pour atteindre notre coin repas. Magnifique point de vue sur la région de Banon et les sommets du Contadour. Après un peu de repos, nous repartons en direction des Charbonniers, Fontienne étant le pays de la lause, nous ne serons pas surpris d’en trouver, une importante carrière y eut une petite activité, mais l’activité périclita dès le XIXe et s’arrêta tout à fait vers 1920.
Nous rejoignons le Ravin du Grand Travers et longeons son ruisseau. 50m après le gué sur la droite, j’ai vu l’ancienne prise d’eau de la Mère des Fontaine, mais aucune indication ne le mentionne, cabane fermée par une porte métallique, une galerie conduit au lit de la source souterraine. La cascade était la digue artificielle d’entrée de l’eau de l’aqueduc, d’environ 3 km, qui courrait à flanc de colline et approvisionnait Forcalquier en eau dès le XVIème siècle. De la piste, puis de la route, nous pouvons suivre le parcours de l’aqueduc sur 1 km, au-dessus, malheureusement la voûte est brisée en plusieurs endroits, mais ça permet de voir le travail énorme qu’ont dû réaliser les ouvriers, qui l’ont construit. Plusieurs portes de visite, permettaient de vérifier l’état, et d’entretenir le canal. (Premières études en 1492, achevé en 1511), il a nécessité la construction d’un château d’eau, des bassins de décantation pour les fontaines Saint-Michel et Saint-Pierre, le percement d’une rue et de deux places. Nous continuons par une petite grimpette pour nous retrouver sur un sentier, passage entre 2 grands cairns, qui passe au-dessus d’un des 2 ravins du Grand Travers. Plein Nord, nous apercevons un genre de monolithe, c’est une construction récente, que semble être un oratoire, une vierge est à l’intérieur. Le sentier débouche sur le plateau semi-désertique du Grand Travers, avec les 1ers rochers sculptés par l’érosion du vent et de l’eau. De ce petit belvédère, un panorama exceptionnel sur les Alpes du Sud, le Massif des Ecrins, la Montagne de Lure, et à vos pieds, le plateau désertique des Mourres avec ses rochers façonnés comme des champignons, aux formes surréalistes. Notre visite est terminée pour la randonnée, mais pas notre réunion, rendez-vous vers les voitures où Jacline et Germain nous ont préparé une réception de grand luxe avec galettes Franc-Comtoises et boissons aux choix, petits gâteaux Alsaciens et chocolats, rien n’a manqué. Nous remercions Jacline et Germain pour cette randonnée exceptionnelle, variée et riche en patrimoine, les spécialités de leur région étaient excellentes, bravo la patissière.
Nous avons parcouru 15,5 km et 550m de dénivelé.
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