DE LIMANS A ST PIERRE DE MAJARGUES

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Nous avons eu l’agréable surprise en arrivant à Limans d’être accueillis par Brid et Brian, les retrouvailles furent très chaleureuses, mais hélas Brian n’est pas venu avec nous, avec Brid ils ont quand même fait une petite randonnée de 6 km autour de Limans avec un peu de dénivelé. La forme va revenir petit à petit, le courage ne lui manque pas.

 

Nous nous sommes donc retrouvés 19 au départ de cette journée qui s’annonce très colorée. Nous passons devant l’Eglise St Georges construite à la fin du XIVe qui  porte en façade une plaque de chancel (une des trois plaques, les autres se trouvant dans l’église), en marbre blanc d’Italie, récupérées probablement d’une église rurale aujourd’hui disparue : quatre scènes animalières séparées par une croix latine pattée sur lesquelles les animaux du bas s’affrontent. De quand datent ces plaques ? De nombreux archéologues s’y sont penchés : G. Barruol, E. Baratier (VI-VIIIè), P.-A. Février (VIII-IXè) et le dernier en date Y. Narasawa qui le date du paléochrétien (IIè-Vè) : cela en ferait l’unique trace en Haute-Provence d’un édifice religieux rural de cette époque. Un chancel : Partie du chœur entourant le maître-autel et qu’une grille isole du reste des fidèles.

Déambulant dans les rues du village nous passons devant 2 pigeonniers cela surprend de découvrir autant de pigeonniers(16) dans un si petit village (73 maisons en 1698, 534 habitants en 1851, 345 en 2006 ; 14 habitants au km2), et en plus en bon état. La plupart datent des XVIème et XVIIème siècles et comportent des corniches à gorge soigneusement taillées. Les chambres des pigeons sont tapissées d’alvéoles superposées, les boulins, où pondent les oiseaux. Les plus pauvres sont en osier ou en bois ; dans les constructions les plus soignées, ils sont en terre cuite ou plâtre. C’est Joseph Palamède de Forbin qui était seigneur de Limans, comme il l’était de Janson, Villelaure ou Mane. « Pour les pigeonniers d’époque féodale, l’on peut lire le rang du seigneur en fonction de la forme de la girouette.

 

Le sentier circule dans les champs puis monte doucement ; à l’approche des Ybourgues, sur le sentier des Vignes Nous reprenons la montée, un peu longue jusqu’au Lieu-dit « les Pierres Percées » : une première pierre percée isolée, puis plusieurs le long de la piste puis tout un champ de pierres percées ! Avec les lapiaz, ce sont des signes en surface d’un environnement karstique dû au travail de l’eau.

 

Nous poursuivons notre chemin sur une belle piste pour parvenir à notre lieu de repas dominant toute la vallée d’Ongles et St Etienne les Orgues, devant ce panorama à couper le souffle nous n’avons pas perdu l’appétit, les apéro et le délicieux gâteau arboisien de Jacqueline nous ont comblés.

 

Par un petit chemin en crête dans un sous-bois relativement clairsemé nous parvenons jusqu’à une borie, puis à l’oppidum de St Pierre. Nous passons près d’un premier mur de pierres écroulé, Germain nous fait  découvrir également les ruines d’une église médiévale, puis ce qui a dû être une muraille de protection. Est bien connaisseur celui qui reconnaitrait à coup sûr un oppidum la carte Archéologique de la Gaule décrit au lieu-dit Saint-Pierre un vaste éperon (près de 600 m de longueur sur 350 m de largeur) puissamment fortifié de sept murailles éboulées, constituant un vaste oppidum ayant livré du matériel protohistorique et romain. Barruol, par rapprochement entre ce site et les oppida de la région, estime qu’il fut occupé entre le Ier et le IIIe siècle.
> Au milieu du XIIe siècle, l’ecclesiam S. Petri de Limans est confirmée, avec toutes ses dépendances, aux chanoines de Saint-Mary de Forcalquier. Les églises Saint-Georges et Saint-Pierre de Majargues sont désignées toutes les deux comme étant de Limans. À la fin du XVIe siècle, un chanoine, Antoine Espinel, est encore mentionné en tant que prieur de Saint-Pierre de Majargues.

Notre retour par une piste qui redescend vers Limans, raide, atteint les Claux non sans quelques dérapages incontrôlés ; au loin la retenue du barrage de la Laye scintille au soleil, nous retrouvons notre point de départ.

 

 

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Histoire  des pigeonniers :

Selon les coutumes féodales, il fallait être seigneur d’un fief et exploitant d’un domaine pour avoir droit de colombier, les pigeonniers « sur pied » ou indépendants des autres constructions étant l’apanage des grands fiefs. En haute Provence au contraire, ils étaient exclus des privilèges seigneuriaux depuis les lettres patentes de 1685 : « on tient que si le seigneur n’est point fondé en droit ou possession de prohiber à ses habitants de construire des colombiers de toute espèce, que dans le pays on appelle colombiers à pied ou à cheval, les habitants peuvent en faire construire sans son consentement, pourvu que ces colombiers n’ayant ni créneaux ni meurtrières, qui sont des marques de noblesse. » (Encyclopédie Diderot, 1ère édition, Tome III). En 1736 pourtant, l’économe de l’Ordre Saint-Jean de Jérusalem essaya de faire détruire le pigeonnier de M. Eymar à Lardiers mais il ne réussit pas.

Utilité du pigeonnier :

Engrais : Les déjections des pigeons appelées colombine, riches en azote et en acide phosphorique, servaient d’engrais, et à la production de salpêtre pour faire de la poudre à fusil.

Nourriture : « Ainsi un pigeonnier de cinq cents nids pouvait donner 160 pigeonneaux par semaine. C’est aussi une viande disponible toute l’année, les pigeons pouvant être facilement nourris avec du grain lorsque les conditions atmosphériques empêchent leur alimentation dans les champs. C’est une viande facilement conservable et transportable sous forme de pigeons vivants, dans des cages en l’absence de système frigorifique. Les pigeons sont vendus vivants au marché, tués et consommés au fur et à mesure des besoins » .  histoire des pigeonniers, de P. Cousin

Médecine : Pour garder que les cheveux tombent, de la fiente de Colombe desséché fera merveille”. Pierre de Bourgarel, Seigneur du Colombier à Vachères vers 1650, dans « Remèdes tant pour les bêtes que pour les gens, de feu mon père que Dieu absolve » ; Celse recommande le foie de pigeon, récent et cru, mangé pendant longtemps, contre l’ictère.

Le plus grand a 15 mètres de haut, date de 1553 et se nomme « Terre du curé Martin ». L’un d’eux abrite un petit musée où sont conservés des outils agricoles du XIX° s. La plus grande partie d’entre eux date du XVIe et XVIIe. Ils sont orientés au sud pour préserver les oiseaux du Mistral.

Autre histoire :

On sait qu’au XVIII °s. le traitement des instituteurs était libre. Il percevait une partie de leur salaire délivrée par l’institution gouvernant le village et l’autre donnée par les parents d’élèves ; pour Limans, il était de 50 livres (1714) et l’on faisait une distinction entre les enfants debout (3 sous) et ceux qui pouvaient s’assoir (5 sous). Archives départementale B 2521, repris par R. Collier dans son ouvrage : « La Vie en Haute Provence de 1600 à 1850.

Encore une superbe journée passée tous ensemble au milieu d’une verdure sans limite colorée de multiples fleurs, merci Jacqueline et Germain de nous avoir fait découvrir ce lieu chargé de mystère, nous avons parcouru 12,8 km et fait une dénivelé de 450 m.

Merci à Brid et Brian de nous avoir apporté des chocolats que nous avons tous appréciés.

Bonne soirée et à mardi prochain.

 

 

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