CABRIERES D’AIGUES
Mardi 4 Juin 2024
Toujours en comité restreint 8 présents pour faire cette randonnée découverte du village de Cabrières d’Aigues et de l’étang de la bonde. Nous débutons par la visite du village. Du haut de ses deux collines, Cabrières d’Aigues est un petit village du sud du Vaucluse accroché aux contreforts de la montagne du Grand Luberon. Il jouit d’une tranquillité toute provençale à l’ombre des arbres centenaires qui bordent sa place, dans le bas du village. Celui que l’on appelle aussi « le village papillon » en raison de l’implantation des maisons du village vue du ciel en forme de papillon. Ce village ne manque pas d’atouts et de charme pour découvrir, à son rythme, le Luberon authentique ! Protégée par le massif du Luberon, la commune est partiellement abritée du mistral. Son emblème est une chèvre car elle tient son nom du provençal cabre / cabri « chèvre », et « aigues » (l’eau). La commune compte 970 habitants que l’on appelle les « Cabriérains ». Cabrières-d’Aigues fait partie des villages vaudois que l’on trouve dans le Luberon. Au milieu du 15ème siècle, le Roi René ordonne le rattachement du village à Pertuis, ainsi que les villages de la Motte d’Aigues et Villelaure. Les seigneurs locaux, désireux de trouver des paysans pour peupler un territoire désert, incitent des vaudois des Alpes à venir s’installer sur les flancs du Sud Luberon vers la fin du 15ème siècle ; pour cela, ils leurs promettent des exemptions fiscales. Avec ses 80 nouvelles familles, Cabrières d’Aigues fait partie des communes réparties entre le Sud et le Nord du Luberon qui n’accueillent pas moins de 1400 familles de vaudois, ce qui représente une population de 6000 personnes. La grande partie de ces nouveaux arrivants sont poursuivis pour hérésie et sont répertoriées sur une liste archivée au Parlement de Grenoble. En 1530, une campagne sanglante est menée contre les hérétiques et les meurtres et pillages se succèdent. En 1545, Cabrières d’Aigues est incendié sous le commandement du Capitaine Paulin de La Garde et du Parlement d’Aix-en-Provence. Les vaudois survivants s’abritent alors au hameau de Saint-Jean-de-Robians. Ainsi nous déambulons dans les petites rues de ce charmant village, découvrons un grand nombre de fontaines et lavoirs, l’eau y abonde. Jany est très fière de nous faire découvrir son village d’enfance, toute sa jeunesse défile au passage des maisons, rencontre quelque connaissance, certain la reconnaisse. C’est amusant de revivre ainsi un moment de sa vie qui a laissé de bons souvenirs. Nous passons devant l’église Notre-Dame et Saint-Laurent de Cabrières d’Aigues est le produit d’une histoire tourmentée, à l’image des rapports entre catholiques et protestants. A l’origine cet édifice était le moulin à huile banal du village. Ce dernier fut construit en 1611 par deux maçons de Cucuron à l’emplacement d’une maison ruinée suite à une transaction passée avec le seigneur des lieux autorisant les villageois à construire un moulin. Ils choisirent de le construire sur la place faisant la liaison entre les deux parties du village (celui-ci étant construit autour d’un vallon). En 1612, le moulin est achevé, et contient deux pressoirs à vis et une meule. Au-dessus du moulin, la communauté fit construire un étage couvert en charpente et tuile creuse qui servit de lieu de réunion et de culte pour les protestants. Il fut détruit en 1663 sous les ordres du roi (Louis XIV) mais le moulin continua de fonctionner. En 1685, l’archevêque d’Aix trouva l’église paroissiale de l’époque (l’église Notre Dame de Toutes Fleurs) vétuste et incommode et exigea la construction d’une nouvelle église à l’emplacement du moulin à huile. Lors de la Révolution, la maison du vicaire fut transformée en mairie et l’église servit de salle de réunion. Rouverte au culte, l’édifice ne fut pas entretenu au XIXème qu’avec des subventions de l’Etat et du département, le conseil municipal refusant tout secours. En 1926, la commune finança la réfection complète de la toiture. Depuis, deux remaniements ont été réalisés sur ce monument : la démolition du porche afin d’agrandir la place en 1951 et le décrépissage intérieur et extérieur des murs. A l’intérieur, les voûtes et la sacristie, creusée dans le rocher, lui donnent un charme particulier. Nous continuons notre visite sur l’autre côté du village et retrouvons un chemin qui va nous conduire vers l’étang de la Bonde. La découverte de celui-ci fait jaillir un ho ! admiratif, il est vrai qu’il était bien rempli, nous n’avons pas pu emprunter le chemin au bord de l’eau, nous avons dû passer plus en hauteur. Entouré par les contreforts sud du magnifique massif du Grand Luberon, à 320 mètres d’altitude, au pied du Mourre Nègre (1125 m), cette étendue d’eau bénéficie d’une vue dégagée. Une petite falaise de molasse aux abords verdoyants composés de chênes verts et de pins d’Alep est présente à proximité (380 m). Bordé de roseaux, le lac de la Bonde a une superficie de 30 hectares et peut atteindre une profondeur allant jusqu’à 10 mètres, répartis entre les communes de Cabrières-d’Aigues, de la Motte-d’Aigues et de Sannes. La richesse entomologique de cet étang lui a permis de devenir une zone d’importance pour l’écosystème. L’origine de cet étang : Le seigneur Fouquet d’Agoult, baron de Sault, chambellan du roi René d’Anjou, Comte de Provence, décide de créer une réserve d’eau pour le château de La Tour d’Aigues et fait construire un aqueduc au XVe siècle. L’étang ainsi constitué fut le point d’alimentation d’un réseau d’irrigation qui alimentait toute la vallée d’Aigues contribuant à l’expansion de l’agriculture. Cet étang a été créé au XVème siècle et a servi à son époque au développement agricole de la région avant de devenir un point de repère touristique pour la baignade et la pêche. Le château de La Bonde abrite l’étang qui se trouve sur son domaine privé. L’étang y est alimenté par la source du Mirail, située au pied du massif du Luberon. De nombreux petits cours d’eau affluent directement vers la Durance par sa rive droite, comme l’Eze. Pour préserver la stabilité du niveau de l’étang, la Société du Canal de Provence est autorisée à transférer des eaux en provenance de la Durance par l’intermédiaire de deux prises d’eau. L’une de ces prises se trouve sur le canal Mixte du Sud Luberon (prise de Castellane) et l’autre sur le canal EDF (prise de la Roque). Nous en faisons le tour pour arriver au restaurant. Là nous prenons le temps de nous détendre devant un tableau magnifique entre étang et Luberon. Le temps menaçant nous presse pour le retour, nous repartons sur un peu de bitume puis un chemin qui nous reconduit à Cabrières vers nos véhicules. Voilà encore une randonnée comme nous les aimons découvertes et chemins sans trop se presser. Merci Jany de nous avoir fait voyager dans ton passé.
Nous avons marché 11 kms 5 et fait 260 m de dénivelé. Merci pour cette belle journée.
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