RANDONNEE AU POIL

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Mardi 18 juin 2019

Nous commençons sur un peu de goudron dans le deuxième virage, le chemin décrit un large lacet à l’intérieur duquel se blottit le gite du Poil, dans son écrin montagneux ; c’est l’ancienne ferme du Saule Mort, sans doute celle où mourut Violette Ailhaud, l’auteure de l’homme semence.

Nous traversons un bois de hêtres qui surplombe le ravin de Chastelar ; ne dirait-on pas que cet arbre maigrichon retient le gros rocher ? Au sortir du bois, nous traversons le Clovion sur un pont – autrefois un gué – nous continuons par une large piste qui remonte et contourne les ruines du hameau de Chabannes. Après une descente sur un chemin plus étroit  nous découvrons  le village. Sur l’accueillante place du village, près du tilleul, une magnifique la fontaine et son abreuvoir, où coule une belle eau fraîche et pure. Un canal de pierre amène l’eau jusqu’à un abreuvoir.  De la place on voit encore les cultures en gradins sur le versant opposé. Sur le mur de la maison près de la mairie, des peintures religieuses sont encore visibles. Beaucoup de maisons ruinées entourent les quelques maisons reconstruites mais on sent que le village revit.

La principale raison de la désertification des villages dans l’Hexagone a été l’exode rural. Le Poil (Alpes-de-Haute-Provence) en a fait les frais. Vidé quasi entièrement dans la première moitié du XXéme siècle, il revit pourtant au XXI éme. . . En trois heures de marche on peut atteindre le hameau ruiné du POIL . . . Alors, seulement, se dévoile le village accroché à un éperon rocheux. . . L’immense majorité des anciennes maisons du Poil ne sont plus que des ruines envahies de végétation. Ici, on vivait essentiellement de l’agriculture, en se ravitaillant une fois l’an de l’autre côté de la montagne à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau . . . Longtemps, Le Poil a été un village comme tant d’autres, où l’on vivait d’agriculture et quasiment en autosubsistance. Jusqu’à 300 personnes ont cultivé ses terres au XIXéme siècle. Mais le phénomène de l’exode rural a été impitoyable. La mécanisation de l’agriculture, la pauvreté, l’attrait de la ville ont signé son arrêt de mort

Alors impitoyable, le phénomène de désertification se met en place; Peu à peu, les villageois s’en vont. Dans les années 1930, le centre-bourg est complètement déserté, ce qui inspire ces quelques lignes à un journaliste de l’hebdomadaire « Regards » : « J’ai vécu mon enfance dans les ruines d’une ville brûlée par la guerre… Mais je n’ai jamais, de ma vie, vu rien d’aussi affreux que les ruines du Poil.

Comme tant d’autres villages isolés, Le Poil aurait pu sombrer dans l’oubli. C’était sans compter sur l’intervention des hommes. D’abord un Parisien qui, séduit par la beauté des lieux dans les années 1970, entreprend de rebâtir la mairie et l’école. Depuis deux décennies, l’association Les Amis du Poil a pris le relais et continue de rénover ce qui peut l’être, tout en cultivant du blé ou de la lavande à l’ancienne. Leur président, Alain Bertrand, installé dans l’Est lyonnais, y vit même les week-ends, loin du monde. Aujourd’hui, avec l’adjoint chargé du hameau, ils envisagent d’organiser une collecte sur internet pour financer la rénovation de l’église. Comme un joli pied de nez, c’est la modernité qui pourrait redonner un second souffle au village.

Une randonnée en immersion dans la Provence rurale et désertée de la fin du XIXè. Ceux qui aiment l’authentique, la nature et le silence, pourraient bien trouver que  ce village ressemble au bonheur.

Le retour se fera en partie par le même chemin qu’à l’allée.

Une randonnée magnifique que 20 personnes ont eu le bonheur de réaliser grâce à Jeanny , que tout le monde remercie. Le parcours 10 kms environ et 420 m de dénivelé.

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